En France, l’accès digne et durable à l’alimentation n’est pas une réalité partagée par tous. Engagés dans le combat pour la justice alimentaire, nous soutenons des projets s’attachant de façon très concrète à rendre effectif le droit à l’alimentation. Nous accompagnons ainsi le mouvement Carav’Alim, qui entend permettre aux personnes en situation de précarité alimentaire de contribuer à la démocratisation du système alimentaire.
De l’aide alimentaire au droit à l’alimentation, un changement de paradigme riche de promesses
Malgré de nombreux dispositifs d’aide, 8 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire en France. Face à ce constat, nous avons fait de la démocratie et de la justice alimentaires un axe central de notre action en faveur de l’alimentation durable. Convaincue que la coopération entre tous les acteurs est essentielle pour faire du droit à l’alimentation une réalité, nous encourageons l’expérimentation de nouveaux modes de faire qui, s’appuyant sur des démarches de coopération, imaginent d’autres possibles. Entre 2021 et 2023, nous avons soutenu Territoires à vivreS lancé suite à la crise du Covid qui avait fait ressortir le besoin pour les citoyens de reprendre en main leur alimentation.
Déployée dans 4 territoires, cette dynamique a mis en évidence la nécessité de se mobiliser avec les personnes concernées par la précarité alimentaire, incitant les initiateurs du projet à lui donner une suite à l’échelle nationale. Le mouvement Carav’Alim, issu de cette expérience, ambitionne de constituer partout en France des groupes d’acteurs engagés sur cette question, afin de « faire monter la question du droit à l’alimentation en partant de ce que les personnes concernées veulent, pensent et font» explique Margaux Denis, responsable de programmes Alimentation durable à la Fondation Daniel et Nina Carasso. L’initiative réunit à ce jour 7 groupes locaux et 17 organisations membres, parmi lesquelles des structures locales et des associations nationales.
Une démarche de terrain, collective et mobilisatrice
Se revendiquant de l’éducation populaire, le mouvement Carav’Alim aspire à « remettre du collectif sur les enjeux d’alimentation, se réapproprier les connaissances, et donc reprendre du pouvoir dans nos choix en matière d’alimentation », précise Maëlis Horellou, sa coordinatrice. Une phase de préfiguration menée en 2024 dans plusieurs territoires, dont l’agglomération toulousaine avec l’association AlimEco (lire entretien ci-contre), a permis d’identifier des acteurs locaux intéressés ou déjà investis sur cet enjeu et de mieux connaître leurs besoins. Sur cette base, les membres de Carav’Alim ont élaboré un Manifeste appelant à la construction d’une véritable démocratie alimentaire en intégrant les citoyens et les personnes concernées.

Le projet développé dans cette optique repose sur l’apprentissage entre pairs et sur la structuration d’une parole collective. En 2025, des visites apprenantes organisées dans différents territoires permettront aux acteurs locaux d’impulser ou renforcer des dynamiques communes, et aux membres de Carav’Alim, d’où qu’ils viennent, de se rencontrer, s’inspirer et réseauter. Affirmant par ailleurs sa vocation de « haut-parleur des injustices alimentaires », Carav’Alim accompagnera ses membres dans la formulation d’un discours politique sur la justice alimentaire. Les élections municipales de 2026 seront un moment opportun pour faire entendre ce discours aux décideurs locaux, avant de le porter plus haut, dans la perspective notamment d’une loi-cadre sur le droit à l’alimentation – d’ores et déjà revendiquée dans le Manifeste pour une mobilisation politique forte pour le droit à l’alimentation, publié en février 2025 par une soixantaine d’organisations, dont plusieurs partenaires de la Fondation (Action contre la Faim, Secours catholique-Caritas France, UGESS, etc.).
Le mouvement Carav’Alim correspond aux ambitions de la Fondation en matière de démocratie alimentaire. Participant d’un « nouveau récit positif sur l’alimentation », il fait émerger « quelque chose qui va dans le bon sens, positivement, en donnant la parole, en donnant du pouvoir d’agir, salue Margaux Denis. C’est mobilisateur. »