Coordinateur de l’association toulousaine AlimEco, groupe local de Carav’Alim, Nahuel Angelinetti relate la structuration par la base du mouvement ainsi que sa feuille de route pour faire avancer le droit à l’alimentation. Un projet ambitieux et concret, dans lequel la Fondation Daniel et Nina Carasso, qui le soutient, se retrouve pleinement.
Quelle est l’origine de l’association AlimEco ?
AlimEco est née en mars 2021 dans le quartier populaire de Bagatelle, à Toulouse. Depuis plus de 50 ans, la Maison de quartier y fait vivre une dynamique d’autogestion. Elle organise notamment, durant le Ramadan, l’initiative « Chorba pour tous » : tous les soirs, au moment de la rupture du jeûne, un repas complet est offert aux habitants du quartier. En 2020, le premier confinement a empêché cette action d’avoir lieu, tout en aggravant les situations de précarité alimentaire. Dans l’urgence, la maison de quartier a mis en place des distributions de colis alimentaires, en lien avec les centres sociaux, les maisons de solidarité et d’autres partenaires associatifs. Fin 2020, les personnes mobilisées ont décidé de créer une association pour organiser durablement cette action. Ainsi est née AlimEco, dont l’ambition de permettre l’accès à une alimentation saine, durable et de qualité pour et par tous dans le quartier prioritaire du Grand Mirail, dans une optique non plus seulement d’aide, mais de démocratie alimentaire.
Comment AlimEco a-t-elle participé à la création du mouvement Carav’Alim ?
L’intégration d’AlimEco dans Carav’Alim s’est faite dans la continuité de notre travail avec le collectif Territoire à vivreS, qui nous avait accompagnés dans la structuration de notre projet associatif. En 2024, lors de la phase de préfiguration du mouvement, nous avons été sollicités pour accueillir l’étape toulousaine et mobiliser d’autres acteurs locaux engagés dans les quartiers populaires de Toulouse. Cet événement nous a permis d’échanger collectivement sur nos attentes vis-à-vis d’une telle initiative. AlimEco a ensuite participé aux groupes de travail qui ont abouti à la création de Carav’Alim. Notre association est aujourd’hui membre du comité de pilotage du mouvement, où elle veille à ce que la voix des personnes concernées soit entendue. Nous participons aussi au groupe de travail sur les visites apprenantes, qui permettront aux personnes directement concernées de partager leurs expériences, et à celui sur le « haut-parleur des injustices alimentaires ».
Qu’apporte le mouvement Carav’Alim à AlimEco, et quelles sont les perspectives ?
Le mouvement Carav’Alim permet à AlimEco de renforcer sa légitimité auprès des institutions et des financeurs, mais aussi de se connecter à un réseau national. Cela favorise l’échange d’outils, de méthodes et d’idées pour améliorer nos pratiques, tout en permettant aux personnes concernées de s’exprimer sur leurs réalités et de participer à la construction d’un discours politique. Cela aide également les membres de l’association à se former sur les questions de plaidoyer et à comprendre comment porter collectivement leurs revendications. La participation à Carav’Alim contribue enfin à renforcer la démarche collective que nous portons avec le centre social de Bagatelle/ASSQOT, notre soutien et partenaire historique, et nous motive à élargir le mouvement à d’autres acteurs du territoire engagés dans la lutte contre les injustices alimentaires. Plus globalement, avec Carav’Alim, nous souhaitons faire mouvement, amplifier la voix des personnes concernées dans toute la France et porter un plaidoyer collectif auprès des pouvoirs publics. En donnant la parole aux personnes directement touchées par la précarité alimentaire, nous espérons devenir un porte-voix légitime et écouté par les décideurs politiques.
©AlimEco
