Convaincus que l’art et la culture sont des sources d’émancipation, d’épanouissement et de réussite scolaire pour les jeunes, nous avons mené pendant 5 ans le programme PEGASE de la maternelle au lycée, en partenariat avec l’académie de Versailles. Aujourd’hui, nous partageons les enseignements de cette expérimentation ainsi que les recommandations pour encourager la généralisation de l’éducation artistique et culturelle, en publiant la recherche-évaluation réalisée par une équipe de chercheurs indépendants. Rendez-vous le 3 avril 2024 pour échanger et débattre autour de cet enjeu de société.
PEGASE : 5 ans de projets artistiques et culturels à l’école
Avec près de 10 000 élèves, 100 professeurs et 50 partenaires culturels impliqués, le programme PEGASE a rythmé le quotidien de 5 établissements de l’académie de Versailles, entre 2018 et 2023. Inscrits au cœur des enseignements scolaires, 150 projets ont abouti à autant de créations originales, fruits de parcours de découverte et de pratique accompagnés par des partenaires culturels locaux. Pièce de théâtre, podcast, exposition, architecture, escape game, application mobile, film, musique… sont ainsi nés de la rencontre entre des jeunes âgés de 3 à 18 ans, des artistes et des enseignants de toutes disciplines, dans et hors les murs des établissements. Ils se sont emparés avec force et brio de sujets qui les touchent particulièrement comme l’amitié, les émotions, le regard des autres, la place des femmes dans la société, la révolte, les fake news, la pollution, etc (tous les projets sont à retrouver sur reseau-pegase.org). Même au cœur de la crise sanitaire, PEGASE a montré à quel point l’art et la culture ouvrent des possibles en matière d’innovation pédagogique et d’ouverture au monde.
Dès la conception du programme, la Fondation a souhaité accompagner le soutien aux actions d’une recherche-évaluation afin d’en partager les enseignements et les conditions de réussite plus largement. Elle a ainsi fait appel à une équipe de chercheurs spécialisés indépendants (Audrey Boulin, Dieynébou Fofana-Ballester, Benjamin Moignard et Rosa Maria Bortolotti) qui ont eu recours à une méthodologie mixte articulant données quantitatives et qualitatives, recueillies pendant 3 années.
Des actions évaluées et contextualisées par des chercheurs spécialisés
Aujourd’hui publié, ce rapport se veut une contribution à l’analyse collective des besoins comme des ressources disponibles dans ce programme, et plus largement à l’idée d’une généralisation de l’éducation artistique et culturelle (EAC) qui devrait profiter au plus grand nombre. Replaçant le programme dans l’histoire et l’évolution de l’EAC, la problématique de départ s’articulait autour de l’interrogation suivante : Dans quelle mesure PEGASE est-il un outil de développement et de renforcement des projets liés à l’éducation artistique et culturelle dans le champ scolaire ?
Parmi les conclusions, on note une forte valeur ajoutée du programme dans sa capacité à promouvoir l’EAC, à mobiliser des partenaires variés et nombreux sur l’ensemble des territoires concernés, un effet sur le climat scolaire, sur la fréquentation des structures et des pratiques culturelles hors de l’école et 93% d’élèves ayant exprimé une satisfaction voire une adhésion forte.
Cependant, les chercheurs ont souligné le fait que PEGASE n’était qu’un dispositif parmi d’autres, qui ne suffisait pas à inverser les tendances de l’expérience scolaire : « Ce sont bien ceux qui sont le mieux scolairement dotés qui parviennent, comme c’est le cas pour les apprentissages ordinaires, à faire le lien entre les activités culturelles engagées au sein du programme et les bénéfices qu’elles sont susceptibles de produire sur le plan personnel ou scolaire. » Par ailleurs, le principal reproche formulé par les élèves est leur faible prise sur le choix des activités comme sur le déroulement des projets.
Conditions de réussite et perspectives pour renforcer les bénéfices de l’éducation artistique et culturelle
Comme il est indiqué dans la conclusion de ce travail de recherche-évaluation, « le programme PEGASE contribue sans aucun doute au développement de cette ambition de promotion de l’éducation artistique et culturelle. Il ne suffit néanmoins pas à épuiser les tensions exogènes et particulières que l’action engage, mais il est un moyen de poser les jalons de certaines conditions à l’intervention, non pas sur la base d’un « programme modèle » duplicable, mais plutôt à partir des nécessaires ajustements et considérations à apporter aux dynamiques locales, aux cadres structurels de l’école, à la mobilisation singulière des acteurs du champ artistique et culturel. »
Pour comprendre les ressorts susceptibles d’accroitre les processus d’adhésion au programme et aux démarches engagées autour de l’EAC en général, 3 marqueurs se détachent :
- les projets doivent être co-construits avec les élèves ;
- les projets doivent valoriser les sorties et privilégier la rencontre avec les œuvres en dehors de l’environnement scolaire ;
- les projets doivent prévoir des espaces d’interactions dynamiques et innovants privilégiant de bonnes relations entre les acteurs (élèves, enseignants et intervenants) tout en respectant le cadre scolaire.
Afin de poursuivre cette réflexion, nous organisons le 3 avril 2024 à Paris, une rencontre avec les chercheurs et les équipes de l’académie de Versailles. Les informations pratiques seront publiées sur notre site prochainement.
Les 10 préconisations de la recherche-évaluation PEGASE
- Accompagner les logiques collectives
- Face à l’usure, renforcer un accompagnement formalisé
- Mieux définir et valoriser le statut de référent Culture
- Mobiliser la formation initiale et continue
- Créer des binômes d’enseignants
- Diversifier les partenaires culturels locaux
- Favoriser des espaces partagés d’élaboration des actions culturelles en milieu scolaire
- Labelliser les établissements dans lesquels l’EAC est structurante
- Un programme impactant dans un climat scolaire favorable
- Favoriser l’appropriation du programme par les élèves
- Accroître le processus d’adhésion