Mardi 4 juin 2024, la Fondation Daniel et Nina Carasso dédiait une journée au partage des expérimentations artistiques et citoyennes menées depuis 2020 dans les Hauts-de-France, à travers les deux premières éditions du dispositif « Médiations et démocratie culturelle ». L’occasion pour les intervenants et les participants de questionner avec sincérité les synergies partenariales, les processus à l’œuvre et leurs effets collatéraux ; et pour l’axe Art citoyen de la Fondation, de lancer l’appel à projets 2024, tourné vers les zones rurales et élargi au territoire national.
À partir des expériences particulières, tirer des enseignements communs
Ce jour-là, à l’École Supérieure d’Art | Dunkerque-Tourcoing, co-organisatrice de la journée, opérateurs culturels, artistes, élus, acteurs sociaux des Hauts-de-France et d’ailleurs, rejoints en visio par 140 personnes, ont pu entendre les récits de six bénéficiaires du dispositif. Ces porteurs de projets soutenus en 2020, ont témoigné de la pluralité des expériences à travers les récits de leurs déroulés, des problématiques rencontrées et de leurs vécus. En cœur de ville ou en milieu rural, si les formes, les organisations et les territoires singularisent chaque expérience, les enseignements sont communs : penser en termes d’offre ou de résultat n’est plus ajusté à la notion de démocratie culturelle que nous soutenons ; il s’agit aujourd’hui de penser l’implication des personnes concernées, d’inscrire le processus sur un temps long, aux prises avec les fluctuations qui caractérisent tout phénomène vivant.
«Les échanges sur la démocratie culturelle ont mis en lumière la nécessité d’inclure toutes les voix, notamment celles des groupes marginalisés, ce qui nous incite à repenser nos pratiques pour plus d’inclusivité et d’accessibilité. Les témoignages sur des projets réussis ont démontré l’impact durable qu’une médiation culturelle bien menée peut avoir, nous inspirant à viser des effets à long terme dans nos initiatives.» Témoignage reçu à l’issue la journée
Tourner notre attention vers la robustesse
Les personnes présentes ont aussi pu entendre les propos de Réjane Sourisseau — Chargée d’études et de recherches-actions, maîtresse de conférence associée à l’Université de Lille, coordinatrice de l’évaluation participative ; et de Nathalie Poisson-Cogez — Docteure en histoire de l’art contemporain et coordinatrice recherche à l’ESÄ, membre du collectif d’experts sollicités pour cette évaluation. Une étude sensible tournée vers les conditions, les interactions, les effets qui ont accompagné chaque réalisation, et dont la synthèse sera publiée en janvier 2025 par la Fondation Daniel et Nina Carasso. Une vision qualitative que nous avons à cœur de soutenir et qui rencontre la pensée inspirante du chercheur en biologie et biophysique Olivier Hamant qui, invité à clore cette journée, témoignait du nécessaire changement de paradigme dans la conception et la perception de nos actes à travers le concept de robustesse : « La robustesse, c’est une réponse opérationnelle à un monde fluctuant, c’est une réponse pragmatique, ce n’est pas seulement un principe, c’est aussi une méthode, c’est du bien-être, que l’on construit pour les autres, humains et non-humains, mais aussi pour soi ».
Un appel à projets 2024 d’envergure nationale et tourné vers les territoires ruraux
Cette journée a été l’occasion de faire communauté et de prendre rendez-vous : l’appel à projets 2024 « Médiations et démocratie culturelle » lancé ce jour-là et clôturé le 10 septembre, a recueilli 206 candidatures. En janvier 2025, la Fondation Daniel et Nina Carasso annoncera six à huit projets lauréats dont les porteurs seront accueillis en séminaire le mois suivant. Riche des enseignements reçus, cette expérimentation revisitée s’ouvre désormais à l’ensemble du territoire et s’ancre dans les zones rurales, territoires éloignés des dynamiques culturelles institutionnelles et riches de possibles synergies transversales entre artistes, acteurs de la vie culturelle, économique, sociale, et citoyens.
Crédit photo :
© Maison du Colonel
Illustrations:
© Philine Bellenoue
