Le Prix Artiste citoyen engagé récompense des artistes qui s’engagent en France et en Espagne, en tant que citoyens pour transformer les modèles établis, avec des actions remarquables face aux défis sociétaux. À travers leur parcours et leurs pratiques artistiques exigeantes, les 5 artistes primés cette année se sont associés à des aventures collectives aussi originales qu’exemplaires autour d’enjeux citoyens et solidaires. En travaillant avec des habitants, des enfants et des jeunes, des personnes fragilisées, des associations, des scientifiques, des pouvoirs publics… ils font émerger des formes d’actions inédites qui ouvrent d’autres voies à un futur souhaitable.
Basurama / ReLabs (Laboratorio de Residuos Vivos)
L’art, l’architecture et l’environnement sont les trois piliers de Basurama, un collectif qui étudie et agit sur la ville et ses dynamiques complexes. Le projet « ReLabs (Laboratorio de Residuos Vivos) » remanie le système de gestion des déchets de la mairie de Madrid pour le rendre plus efficace et plus adapté à la situation actuelle. Mise en réseau, participation active, utilisation des ressources locales et créativité sont la clé de leurs projets de transformation sociale. Leur engagement citoyen indubitable s’inscrit dans une méthodologie impliquant l’habitant, le quartier, le collectif concerné.
Eric Minh Cuong Castaing / In situ In socius
Chorégraphe et artiste visuel, Eric Minh Cuong Castaing combine la danse, les images, les sons et les nouvelles technologies pour explorer l’expérience de la fragilité, la perte de mobilité et l’importance des gestes pour se connecter et communiquer avec les autres. Sa pratique transdisciplinaire a donné lieu à la production de pièces chorégraphiques, films, installations et performances, associant danseurs professionnels et amateurs, de tous âges, en situation de handicap ou de fragilité. Quels gestes conserver si le mouvement devient un enjeu, un objectif, une lutte qui réclame toute notre attention ? La démarche « In situ In socius » qu’il a construite au fil du temps, propose une nouvelle façon de danser ensemble et souligne la nécessité du geste humain dans une société qui se veut plus inclusive.
Valérie Mréjen & Mohamed El Khatib / LBO, un centre d’art en Ehpad (ou inversement)
Valérie Mréjen, romancière, vidéaste et artiste plasticienne, et Mohamed El Khatib, auteur – metteur en scène, se sont associés pour créer LBO, un véritable Centre d’Art au sein d’un Établissement public d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), « Les blés d’or » en Savoie. Modèle de création partagé, ce nouveau lieu, inauguré en juin 2022, met en dialogue résidents, artistes, personnels soignants et institutions culturelles. A la jonction entre l’art, le soin et le grand âge, ce projet réinvente les limites et la définition d’un espace artistique. Avec des approches complémentaires, ce jeune duo d’artistes aux longs parcours, réussit avec exigence et poésie à renouveler notre regard sur les établissements pour personnes dépendantes et notre manière de faire société.
Francisco José Suárez, “el Torombo” Fuera de serie
Avec le flamenco comme étendard, el Torombo jouit d’un prestige particulier en tant que « palmero », chargé d’accompagner le bailaor, le cantaor ou le tocaor en claquant des paumes de main. Son parcours et les expériences qu’il a vécues en surmontant de lourdes épreuves, telles que le handicap physique ou l’addiction à l’héroïne, l’ont amené à travailler avec des jeunes défavorisés pour leur montrer que chacun peut surmonter sa propre situation et que l’art joue un rôle déterminant dans le changement. A Séville, dans le quartier Polígono Sur, considéré comme l’un des plus dangereux, son projet Fuera de serie promeut la transformation sociale du quartier auprès des jeunes mais aussi des bénévoles, des familles, des enseignants et de la communauté en général.
Barthélémy Toguo/ Désir d’humanité à Bandjoun Station
Artiste pluridisciplinaire franco-camerounais, Barthélémy Toguo a rapidement acquis une renommée internationale. Par sa façon d’orchestrer le geste, le dessin et la couleur, son œuvre communique une formidable énergie vitale, une poésie et un imaginaire infinis. Son expérience de vie, l’histoire africaine, l’actualité de son époque figurent parmi les sources inépuisables de son travail et de ses combats. Avec sa très large palette de techniques, il nous offre une œuvre humaniste, à la fois lyrique et citoyenne. Parallèlement à son parcours d’artiste, Barthélémy Toguo œuvre depuis le début des années 2000, à la création et au développement de Bandjoun Station, un lieu de résidence et d’échanges sur les hauts plateaux de l’Ouest du Cameroun. Ce nouveau modèle d’action artistique ouvert sur le monde, intégrant une dimension sociale, agricole et environnementale, s’inscrit pleinement dans les préoccupations de nos sociétés contemporaines.